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Quitter l'automobile ou la communication pour l’agriculture

Quitter l'automobile ou la communication pour l’agriculture

Laurence Pons et Sébastien Fontaine ont voulu se reconvertir dans un domaine lié à la nature ou à l’écologie, l’une en horticulture, l’autre en maraîchage biologique. Ils témoignent l’un et l’autre que depuis l’envie en train de germer jusqu’au premier emploi, le chemin peut être ardu, mais passionnant.

Changer de métier pour travailler dans le vivant. « Par intérêt pour les sujets liés à l’écologie et à l’alimentation », explique Sébastien Fontaine. « Pour ne plus être derrière un bureau et par passion pour le végétal », dit Laurence Pons. L’un et l’autre avaient, de longue date, un intérêt pour le domaine qu’ils ont embrassé en changeant d’orientation.

Vendeur automobile, Sébastien Fontaine a toujours su qu’il n’y ferait pas toute sa carrière. « Ce qui m’intéresse, dans la vente, c’est le fait de rencontrer quelqu’un qui a un problème et de lui trouver une solution », raconte-t-il. « Mais certaines tâches me rebutaient. » C’est la visite d’un salon de la reconversion, fin 2017, qui, après 15 ans de carrière, lui permet « d’enclencher la machine ». Pour Laurence Pons, pas non plus de dégoût de son métier dans la communication, mais simplement un désir de faire autre chose. « L’envie est venue petit à petit », se souvient-elle.

Un BTS en un an

Vouloir changer, d’accord, mais il faut du concret : un objectif professionnel et une formation. L’un comme l’autre se font aider par l’APECITA, pour affiner leur projet sans mettre en péril leur situation économique. « J’avais une famille, je n’avais pas droit à l’erreur », souligne Laurence Pons. Ce que confirme Sébastien Fontaine : « La reconversion était un risque parce que j’étais le moteur économique du foyer ». C’est d’ailleurs pour cela qu’il renonce à une idée en rapport avec les parcs naturels, qui n’offrent pas assez de débouchés.

Le BTS s’impose rapidement comme étant la meilleure option. Le BTS production horticole pour Laurence Pons et le BTS « analyse, conduite et stratégie de l’entreprise agricole » pour Sébastien Fontaine. Avec un gros avantage : quand on a déjà un bac + 2, on est dispensé des matières générales, qui représentent la moitié du programme. On peut aller plus vite.

Pour sa formation, Sébastien Fontaine choisit la bergerie nationale de Rambouillet, où il bénéficie d’un protocole innovant : il suit les cours destinés aux élèves d’un cursus classique, à ceci près qu’il suit les deux années en même temps, en alternant les deux. « Le plus dur, c’était le rythme de travail. J’avais l’impression de courir après un train sans parvenir à monter dedans », raconte-t-il. Il obtient son BTS en un an, dont huit semaines de stage aux potagers de Marcoussis. Il enchaîne ensuite avec un BPREA. « Parce qu’il est adapté à l’offre Francilienne et que cela me permettait de continuer à faire des stages », précise-t-il. « Il me fallait une expérience de terrain. »

Le bonheur de voir pousser les plantes

Déjà consommatrice en Amap, intéressée par le maraîchage biologique et la décoration florale, Laurence Pons choisit la production horticole. « C’est fabuleux de voir comment poussent les plantes », s’enthousiasme-t-elle. Elle prépare son BTS en alternance au lycée horticole de Ribécourt (Oise) et l’obtient en un an. « C’était la formule qui m’offrait le plus d’expérience sur le terrain mais en termes de rythme, c’était costaud », souligne-t-elle. Après deux remplacements, dans un Esat puis dans un lycée horticole, elle trouve le poste idéal en février 2023, un CDI de monitrice dans un Esat. « Je ne renie pas ce que j’ai fait auparavant, je m’appuie dessus. Et si j’ai le stress de devoir faire mes preuves, je n’ai aucun doute », conclut-elle. Quant à Sébastien Fontaine, après une expérience de vendeur de fruits et légumes sur une plateforme logistique de Biocoop, il travaille désormais comme auditeur chez Certipaq bio. « Je visite les opérateurs de la filière. C’est un métier de contrôle et d’accompagnement. J’analyse une situation et j’apporte des solutions. » Ses intérêts fondamentaux sont restés au coeur de son métier.

— Emmanuelle BORDON (Tribune Verte 3009)